Sauvegarde de l'histoire du Jeu Vidéo

Compagnon dans notre quotidien, le Jeu Vidéo est omniprésent. Par sa variété, son gameplay, sa portabilité, tout le monde est potentiellement touché par ce dernier. Cible régulière d'attaques concernant son rôle dans le développement de la violence et dans l'isolement des personnes, le jeu sait aussi être un auxiliaire dans les différentes thérapies et formes d'apprentissage. 

A l'origine, on considère que le jeu vidéo est définit de cette façon: "une interface utilisateur permet une interaction humaine ludique par le biais d'un retour visuel sur un dispositif vidéo." Son histoire commence donc en 1950 avec Ralph Baer "le père des jeux vidéos. En 1952 des jeux comme "OXO" vont confirmer la tendance et on va voir apparaitre un certain "Pong" qui va démocratiser le Jeu Vidéo et le rendre accessible au grand public. 
68 ans d'existence et d'évolutions, autant d'années passées a chercher à rendre l'expérience plus réaliste, divertissante, addictive et conviviale. Ordinateurs, consoles de salons, portables, bornes d'arcades, simulations, tablettes, téléphones portables. Son poids est de plus en plus important dans nos sociétés, reconnaissance de son statut comme un art "ludique", vivier pour l'expression de plusieurs métiers créatifs. En 2009 la Justice Française rend l'arrêt Cryo:
"Le jeu vidéo est une oeuvre complexe, qui ne saurait être réduite à sa seule dimension logicielle, quelle que soit l'importance de celle ci, de sorte que chacune de ses composantes est soumise au régime qui lui est applicable en fonction de sa nature" Le JV passe "d'oeuvre logiciel" à "oeuvre audiovisuelle".
Avec une telle longévité et surtout une telle reconnaissance certains ce sont posés en défenseurs de son histoire, en tant que protecteurs de ce patrimoine vidéoludique. On entend donc "ce qui est considéré comme une propriété transmise pr les ancêtres comme le patrimoine culturel d'un pays, ses oeuvres, monuments et traditions."

Des passionnés se mobilisent pour conserver l'histoire du Jeu Vidéo:


  • Alex Highsmith, a eu son premier contact avec leu japonais avec Dragon Quest V, ce fut un moment marquant et décisif dans sa vie car il se mit alors à apprendre le japonais vers ses 13 ans puis après ses études universitaire il passa une année au Japon. Plus tard il finit par se passionner pour le"SHMUP" (shoot em up, abattez les tous) un genre dérivé des jeux d'action dans lequel le joueur dirige un personnage ou un véhicule et doit détruire des vagues d'adversaire tout en évitant leurs projectiles.

 

Quelques exemples avec Ddonpachi (manic shooter) gradius et un petit space invaders.

Alex Highsmith commence alors à traduire des interviews de développeurs japonais et créé son site Shmuplations. Au fil du temps il va traiter différents genre de jeux. Parlant de rétro gaming le fait de s'intéresser au Japon peut sembler judicieux étant donné que bon nombres de jeux des années 80 / 90 venaient de l'archipel Nippon. Il a déjà effectué plus de 255 traductions et en a encore plus de milles en archives qui attendent un bon traitement. Malheureusement cela ne se fait pas si facilement, il faut des traducteurs, du temps, des moyens et pour cela, il recourt à un patreon afin de travailler sur le plus de projets possibles. 


  • L'association MO5.COM, s'est spécialisée dans l'organisation d'expositions autour de l'informatique et des jeux vidéos. Son fondateur, Philippe Dubois a grandit avec les jeux vidéos et par le biais de son association il sauvegarde et expose près de 60 000 objets de la culture vidéo ludique. Elle remplit donc totalement son rôle de préservation et de diffusion au public du patrimoine numérique.









Tout ce travail est formalisé dans des catalogues qui permettent de lister les différents appareils répertoriés et sauvegardés par l'association. L'association a travaillé avec la chaine Nolife mais aussi Dailymotion afin de pouvoir exposer le plus possible et ce sont de nombreux créateurs de jeux vidéos qui soutiennent cette action: Tetsuya Mizuguchi créateur du jeu Rez, David Crane créateur du jeu Pitfall!, Gavin Runmery développeur du jeu Tomb Raider, Tomohiro Nishikado créateur du jeu Space Invaders, pour ne citer que quelques noms. Vous pouvez consulter sur le site leur podcast concernant le classique gaming et l'histoire du jeu vidéo. Il est aussi possible de consulter les épisodes de "Very Hard" produit avec la chaine partenaire Nolife.



  • L'association conservatoire national du jeu vidéo, son but, conserver les collections industrielles et personnelles afin de les preserver. L'idée étant de mieux comprendre les évolutions du secteur dans les domaines de la technologie de la créativité et du design. C'est mettre en avant les procédés les techniques et valoriser le travail qui a permit de passer d'une idée du jeu vidéo à la réalité virtuelle de nos jours. Pour son fondateur, Bertrand Brocard, (créateur de cobrasoft un des premiers éditeurs de jeux vidéos en France) c'est une industrie jeune mais son dynamisme implique qu'il est de notre devoir de préserver la mémoire de la création et de la production du jeu vidéo.


Le CNJV se concentre sur les procédés pas le matériel car il y a déjà des acteurs qui s'occupent de ce travail qui est important, en revanche il n'y a pas eu de travail d'archivage de fait sur tout ce qu'il y a autour du jeu vidéo. Ce travail permettra aux générations futures d'acquérir de bons reflexes, à savoir organiser et archiver afin de créer des bases de données, que tout le travail que représente la création d'un jeu ne soit plus inconnu. C'est un travail complémentaire aux actions menées par d'autres associations dans la mesure ou il faut archiver des documents, il faut aussi préserver le résultat, le jeu et la console. Bien entendu tout cela n'est possible que si les pouvoirs publics s'y intéressent.

Les pouvoirs publics travaillent aussi à la conservation de ce patrimoine et à reconnaitre le travail vidéoludique:

Il existe des initiatives des pouvoirs publics qui ont permit au monde vidéoludique de se faire une lace et d'être reconnut comme étant un patrimoine. Le ministère de la culture a décoré de l'Ordre des Arts et des Lettres des figures importantes du monde du Jeu Vidéo (Frédérick Raynal "alone in the dark", Michel Ancel "Rayman", Shigeru Miyamoto "Mario,Zelda", Peter Molineux "Populous, Dungeon Keeper").

En Mai 2011, la fondation Nationale américaine des Arts à modifié ses directives passant de la mention "Arts à la radio et à la télévision" en "Arts dans les médias". Par ce biais, les jeux vidéos sont devenus eligibles officiellement à l'appellation "Oeuvre d'art".
Du 4 Novembre 2011 au 9 Janvier 2012 a eu lieu l'exposition Game Story au grand palais en partenariat avec l'association MO5.COM. Le but était de mettre en avant l'aspect culturel et artistique du jeu vidéo. L'annonce officielle était claire à ce sujet: 
« Au-delà de l’esthétique et de la technique, l’histoire du jeu vidéo est aussi une histoire culturelle des nouveaux imaginaires contemporains nés de la rencontre entre des fonds culturels des États-Unis, du Japon et de l’Europe, et plus spécifiquement de la France qui occupe un rang majeur dans ce domaine. À travers des supports de création aussi divers que le cinéma, le dessin animé européen, la bande dessinée franco-belge, les comics américains, les mangas japonais, l’« anime » japonaise, les séries télévisées américaines, de nouveaux univers se sont créés. Ils sont autant de sources pour le jeu vidéo qui en retour les inspire. »



La Bibliothèque Nationale de France à un service multimédia qui conserve la patrimoine du Jeu vidéo. A sa tête, Louise Fauduet, diplômée de l'école des chartes, historienne de formation. Son équipe composée de 20 personnes veille sur près de 15000 jeux videos. Protégés dans des emballages spécifiques, ils sont ainsi mis à l'abris des ravages du temps et sont copiés afin de numériser ces pièces de collection / d'histoire. Les versions numérisées sont plus simples à partager ou à consulter et on preserve ainsi le support original. Dans ce travail titanesque, la BNF dispose déjà de 16 téraoctet.
Pour information il existe un dispositif qui permet d'effectuer ce travail plus simplement, le dépôt légal du jeu vidéo. Datant de 1992 il impose à chaque éditeurs d'envoyer une version de chaque sortie à la bibliothèque François Mitterrand.


On prend de plus en plus conscience de l'importance de cet univers vidéoludique et de la perte culturelle, technique et artistique que cela serait si l'on ne faisait rien pour preserver un tant soit peu son histoire. Aujourd'hui, les pouvoirs publics ont compris qu'il fallait arrêter de stigmatiser et de nier la culture populaire que représente le Jeu Vidéo. Si vous êtes passionnés et que vous souhaitez participer à cette aventure, il n'y a pas besoin d'être riche, de faire des dons monétaires, tout est possible. Vos compétences peuvent faire la différence.

N'oubliez jamais, l'art et le patrimoine n'ont de valeurs que si ils sont partagés et mis à disposition du plus grand nombre, c'est de cette façon en la valorisant que l'on préservera l'histoire du jeu vidéo et que ce patrimoine sera transmit au fil du temps.




crédit photo: ©wikipedia ©mo5.com ©cnjv ©fluideglacial ©Lp'c

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