Les Prix des jeux vidéos reflets de notre consommation ou politique de rentabilité pour les éditeurs?

Jeux vidéos et Business dansent un tango...

Compagnons de tous les jours, sous diverses formes et multiplateformes, les jeux vidéo  sont devenus des enjeux économiques (91 000 000 000 de dollars de CA au niveau mondial). Les raisons sont diverses et tiennent autant aux nombreux supports qu’à l’émergence de nouveaux clients et comportements de consommation (à l’initiative des joueurs ou non…) et à  la démocratisation du jeu vidéo.

En effet  les consoles ne sont plus avec les pc les seules plateformes à faire tourner nos jeux préférés, il n’y a plus besoin de se rendre dans des « game centers »  pour défier les meilleurs fighters du quartier ou prouver notre talent sur les tracés les plus fous. Vous pouvez streamer pour jouer.

Prenez aussi quelques instants pour regarder autour de vous dans les transports en communs ou même en cours, vous remarquerez ces personnes fixées sur leurs portables ou tablettes et jouant à de nouvelles formes de jeux vidéo tout aussi prenant que leurs ainés. (candy crush, clash of…) (comment ça casu???)

Le client à donc de multiples possibilités devant lui, mais qui est il? 

• Un Nolife, définition admise pour ma feuille de chou : personne consacrant une grande partie de son temps / vie à sa passion. (Pas besoin de penser directement au bon cliché du Troll…) ?
• Un Geek passionné par les nouveautés techniques, l’informatique, l’internet et les jeux vidéo ?
• Un Otaku qui va consacrer son temps aux mangas, animés, jeux vidéo et collections ?
• Un gamer, pro ou casu, juste un player... (ça c'est gratuit)

C’est un peu tout et son contraire. (quelque part, c’est toi, plus moi, plus toi...)

Notre diversité amène donc les professionnels du jeu vidéo à nous proposer une politique produit / prix susceptible de tous nous toucher. (Comme une douce caresse où le fameux touché rect...)

petit exemple de plateformes

Une synergie évidente et pourtant…

Regardons nos ludothèques, que trouvons-nous ? 

Comics, animés, mangas, Bande dessinées, films, jeux (casu et peut être un peu de hardcore) avons-nous réellement des personnes ne lisant ou ne pensant que via un seul de ces médias? Finalement les productions sont de plus en plus souvent cross médias et les éditeurs de jeux vidéo ont pris le train.

Exemple avec Mass effect, nous avons un jeu de science-fiction, la possibilité de jouer à fond pour platiner le titre mais aussi de se laisser vivre en bon petit casu. Une édition simple du jeu permet de profiter du titre et de placer gentiment son jeu dans notre ludothèque. Une version collector, permet de satisfaire notre besoin de collectionnite aigue avec un art book, un comic book, du contenu exclusif in game.

Une merveille de politique marketing, un petit coup de pouce pour dopper les ventes, on veut un bon jeu ? On veut des goodies ? On veut des avantages sur les prochains dlc ? On est axé comics ou art book ? Bref, conscient de l’aspect multi cible de leur clients les éditeurs cherchent à changer nos comportements en tant que consommateurs.

A leur décharge le prix des jeux vidéo n’a pas réellement changé (souvenir de la neo geo… mais aussi des cartouches nes et snes à l’époque…) pourtant on est bien face à des superproductions AAA. (Exemple call of duty modern warfare 3 un coût estimé à 100 millions pour le développement et 10 millions pour le budget marketing). Le milieu extrêmement concurrentiel et aussi le pouvoir d’achat des clients a amené les éditeurs à se poser et à réfléchir afin de faire monter les enchères. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce sont des sociétés et qu’elles ont pour objectif "le Bénéfice" (nous faire rêver  à l’occasion, final fantasy 6 ou chrono trigger par exemple…)

il en faut des arguments pour nous faire choisir tel ou tel jeux quand on possède quelques consoles mais un seul et unique compte en banque.

Différentes offres

Allez comme j’ai pas une thunes sur moi on va commencer par ce que je peux m’offrir tout seul sans avoir à faire mon petit kevin pour gratter quelques euros...

• Les free to play, rien que le nom, du rêve, un jeu complet, qui nous promet des heures de jeux, totalement gratuit ! Oui mais non, on a un jeu gratuit à contenu payant, plus concrètement vous pouvez jouer sans mettre la main au portefeuille mais il est possible via des transactions in game de vous épargner des heures de level up ou de farm. Cela peut aussi se traduire par des ressources supplémentaires dans le jeu, des équipements, bref les possibilités sont nombreuses. Entre carotte, récompense pour les créateurs du jeu (faut bien faire tourner la boite non ?) et déséquilibre transformant un free to play en pay to win il n’y a qu’un pas mais la plupart du temps la sensation de maitriser son effort budgétaire prévaut sur le reste. Rappelons quand même qu’il n’y a aucune obligation ou forme de coercition pour vous pousser  à jouer et que certaines mécaniques comme la rotation des personnages jouables est un plus. (heroes of the storms, lol)

Et si je me fais l’avocat du diable (Parce que je suis payé par capcom ubisoft et blizzard entertainment) pour les plus anciens d’entre nous, le principe de jouer, jouer, jouer et encore jouer pour progresser ne vous rappelle rien ? (rogue game, try and die, les longues après-midi en salle d’arcade…) 

• En revanche d’autres jeux proposent des solutions innovantes, issue de la tradition des jeux pc, des fameux ad dons (diablo, warcraft, starcraft !!!!!! oui je suis un fan boy Blizzard !). Les DLC arrivent, en version day one (annoncée dès la sortie du jeu) ou plus tard, ils font penser aux lendemains de soirées, il y a des restes, aller on check le frigo et hop ! Si on se met à la place des éditeurs, c’est la possibilité de créer la hype autour d’un jeu, de développer son lore mais aussi et surtout de rentabiliser au maximum tous les travaux et donc les ressources (financières par exemple) utilisées pour sortir le jeu. Mais que pense un joueur ? Imaginez un instant vous êtes caissier et vous ne facturez que la moitié du caddie d’un client, quand votre patron vous demande ce qu’il y a, vous lui indiquez que vous ferez le compte du caddie client un peu plus tard afin de permettre à ce dernier de développer encore plus son expérience chez vous… Oui la porte vous accueillera rapidement et les joies du pôle emploi s’ouvriront vite à vous. Soyons sérieux, un jeu proposant de payer pour 20 à 30 euros un dlc de 5 à 10 heures de jeux supplémentaires quelques mois après sa sortie, ça ressemble quand même à un jeu en kit, un jeu qui aurait mérité quelques mois supplémentaires de développement pour arriver dans sa forme finale. Surtout quand votre ami vient vous voir quelques mois plus tard avec une édition goty (game of the year) incluant tous les dlc pour un prix moindre… 

• Comme les éditeurs pensent en général à tous les cas de figure ils vous proposent un season pass, la garantie de payer au prix le plus juste les futurs dlc, mais avant leur sortie. Vous avez dit pochette surprise ? oui mais cette fois on est plus sur celle 10 euros, on est quand même sur un investissement plus lourd, sans savoir si au final le lot va réellement vous intéresser. (Et dire que certains jouent aux démos avant d’acheter pour pouvoir se décider, nous on prend un bon season pass à l’aveugle, en random)  L’aspect aléatoire peut aussi se retrouver dans le main game, vous avez un jeu comme starwars battlefront 2, vous achetez un jeu  sur un format classique, il est cette fois doté d’un scénario (contrairement à son grand frère) mais propose une progression à base de caisse que l’on achète avec une monnaie propre au jeu mais aussi la possibilité d’acheter avec des euros (oui le même système qu’un free to play  sauf que l’on a acheté un jeu 60 euros et qu’en plus on reste sur du loot, à savoir un résultat aléatoire. Petit souvenir des cartes à collectionner panini de notre enfance, on a tous le souvenir d’avoir eu 20 cartes shredder alors qu’on n’arrivait pas à compléter notre quatuor de tortues ninjas, et bien là c’est pareil, l’aléatoire est trop présent dans la progression pour ne pas déstabiliser le gameplay et la progression. Certains avanceront même que c’est l’aléatoire qui définit le gameplay et la progression des joueurs…

• Une autre solution, pour viser un panier moyen faible mais récurrent, est très bien exploitée par la société telltale games. On scinde un projet en épisode, ceci afin de proposer une aventure simple en one shot si le client ne veut acheter qu’un jeu, mais qui va généralement se transformer en achat récurrent car les épisodes ne se suffisent pas à eux même et les interactions entre les épisodes (Influence des choix et actions) sont fortes. On se prend à dépenser de façon récurrente quelques euros (+/- 10 euros). Avantage financier ? Pas vraiment car on se retrouve avec un jeu qui coute à peu près le même prix que les jeux à modèle économique classique. En revanche quand le jeu se compose de missions (qui a dit Hitman ?) peut on y trouver son compte ? Un épisode qui donne l’impression de jouer à un stand alone, la possibilité de n’acheter que le contenu qui nous intéresse… C’est beau, mais est-ce différent de capcom qui dépose tous les éléments du jeu sur sa galette et nous pousse à acheter des dlc ? Autre point à soulever, n’est-ce pas une façon de créer du flux et de la hype sur un titre aux frais des joueurs ? Chaque épisode va générer une mise en avant sur les plateformes de téléchargement (légales) et donner l’illusion qu’un titre est perpétuellement en top rank.

des consoles plus récentes, proposant d'acquérir des jeux sous une nouvelle forme.

Quelque part, tout est une question d’équilibre entre la qualité du jeu et la communication qu’il va y avoir autour. Les joueurs comprennent bien qu’il faut faire vivre l’industrie du jeu vidéo, ils sont prêts à mettre le prix pour soutenir les projets intéressants, la scène indé est de plus en plus sollicité et nous fournit de plus en plus de perles en termes de gameplay et de réalisation.

Soyons néanmoins réalistes, tous les mois nous avons au moins un jeu AAA, une superproduction, façon marvel multivers. Comment les professionnels peuvent penser que les joueurs vont investir tous les mois 100 euros en jeux sans devenir toujours plus critiques. Bien entendu les capacités de plus en plus poussées des consoles demandent toujours plus de travail et les budgets de communication restent très élevés.

Tout est dans ce principe, la communication, de nombreux bashing sur les jeux ont été à la base liés à des problèmes de communication. Le dernier final fantasy très attendu par les joueurs, pour certains attendu depuis des mois, pour d’autres (comme moi) depuis des années. Capcom et ses éternels DLC qui sont toujours inscrit sur le disque, donc déjà prêt à être utilisé, mais qui finissent par devenir un outils pour l’éditeur permettant de moduler le prix d’un jeu sans devoir être source de travail supplémentaire pour une édition perfect ou ultra…

Le jeu vidéo est un divertissement, il prend de plus en plus des qualités des autres médias, il emprunte l’excellente narration des films, les budgets des productions hollywoodienne, des bandes sons toujours plus prenante (ost de nier automata , larmes qui coulent…). Seul, entre amis chez soi ou bien en ligne, il s’affranchit de quasiment toutes les limites. Seul le prix semble rester un problème entre les acteurs majeurs de l’industrie. (à savoir les éditeurs et les consommateurs) Pour autant nos comportements de consommation tendent à conforter les éditeurs dans leurs choix. (je critique mais j'achète...) Alors même que la plupart des clients condamnent (oui c’est un peu fort, mais ça fait plaisir) je disais donc, « critiquent » ces politiques de prix. Un peu comme un couple qui se connait par cœur, la relation devient alors un savant mélange de je t’aime moi non plus, agrémenté d’émerveillement de reproches et d’amour.

crédit photo: © Lp'c